dimanche 1 mai 2011

Rain
























Jean comprit la phrase : “Il faut que tu trouves ta propre manière de penser, ni la mienne, ni celle de Youri.” seulement quelques mois plus tard.

Marie lui disait en réalité de pousser la création de son monde, régit par les lois qu’il devinait, testait et développait beaucoup plus loin. Elle ne voulait pas que sa conception de la réalité et que les humeurs qu’il choisissait pour gouverner son esprit soient fonction de leurs lois a eux, qui n’auraient pu être qu’empiriques puisque ce n'était pas exactement les siennes qu’ils auraient acquises par pure transcendance.

Comme souvent ses paroles exigeaient de lui un absolu. Son attitude de métamorphe, dévoreur des vérités des autres la dérangeait. Elle le voulait autre.

Il comprit cela un soir, alors que la réalité l’avait poussé loin du monde de Youri, qui était trop brûlant, se mouvait trop rapidement et était déstabilisant et que ses lois à elles lui paraissaient faussées, empruntes d’un défaitisme et de douleurs passées, qu’elles croyaient dues a sa mixité mais qu’il supposait une combinaison de son incroyable intelligence et de la profonde croyance que nous avons tous en notre unicité. La mixité était un prétexte, un caillou de plus accroché à son cou.

Il lui restait à trouver ses lois et cela l’effrayait. Créer son monde. Prendre cette voie sinueuse qui nous écarte du sol revêtait un risque extrême. Il avait peur de devenir uniquement un lointain observateur qui regarderait passer les pluies et les saisons sur le monde. Gravitant loin des hommes, loin des coeurs il ne verrait plus que des surfaces traversées par le temps et les nuages. Son oeil serait le capteur satellitaire qui prend notre terre en photo, secondes après secondes, minutes après minutes mais qui ne se mêle plus jamais à la vie des hommes.

Les yeux ouverts sur la nuit, il se demandait qui le rapatrierait s’il partait. Sa famille était trop loin désormais, ses amis devenaient des connaissances et ses pensées restaient dans le creux de son cerveau, remplissant une poche imaginaire dont il ne pouvait sonder le fond.