lundi 24 mai 2010

Corbeaux





À Auschwitz le ciel est encombré de nuages. Le soleil aurait-il d’ailleurs le droit d’y briller ?


Le ciel est gris et il y a un corbeau sur les lignes à haute tension.


Lorsque j’ai vu Hiroshima, le ciel était d’un bleu pur et le soleil brûlant, d’une ardeur presque blessante. J’y ai vu le dôme de la bombe A.


Je n’ai pas vu de corbeaux mais je sais qu’il y en avait.


Des corbeaux, il y en a partout.


Il y en a à Sobibor, à Dachau, dans l’ancien camp S-21, dans les goulags russes, dans les prisons iraniennes, en Algérie, en Argentine, au Chili, dans la forêt de Katyn, près des lacs rwandais, partout. Les corbeaux, il y en a dans les regards, dans les cœurs et dans les âmes. Il y en a dans les villes, dans les maisons, dans les appartements. Il y en a qui portent des costumes et des attachés-case. Partout des corbeaux, partout. Peut être que nous aussi, nous faisons partie de ces nuées d’oiseaux macabres, indolents témoins de massacres que nous ne comprenons pas et dont nous ne retenons que des chiffres. Et si nous sommes des corbeaux, y a-t-il encore des humains ?

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